Portrait K

Kaléidoscopie double étoile. Sur l’extérieur, une étoile à 7 branches courtes dorées et vertes. Les contours de l’étoile sont de plusieurs couches de chaque couleur et de blanc. À l’intérieur, une autre étoile dont les pointes reposent sur les creux de la précédente. L’étoile intérieure a les branches arrondies. Un pétale ovoïde gris violet pointe vers le haut des branches. Le cœur est un prisme lumineux.

Il y a une guerrière en elle.

Quelque chose qui fait face.

Qui fonce.

Qui protège.

Elle fait ce qui doit être fait.

Plaisant ou pas.

Et tant pis pour la réputation de rabat-joie.

Elle sent une brutalité.

Une force qui dit non.

Elle fait bloc et ne reculera pas.

Elle est la gardienne du trésor.

Le dragon qui se dresse à l’entrée de la caverne.

La guerrière prend avec fermeté la femme-autruche par son aile. Parfois avec douceur, parfois pas. La femme-autruche frémit encore, prête à prendre la fuite. La guerrière lui révèle « Ton rêve de cache-cache est un leurre ». La femme-autruche relève la tête. Elle plisse ses énormes yeux apeurés. Au milieu de la plaine aride, on ne voit qu’elle. Elle raffermit le contact de ses deux doigts sur le sol. Elle se campe sur ses deux pattes. Elle s’ébroue, se redresse et pose droit son regard dans celui de la guerrière. Elle mesure deux mètres et pèse ses 90 kg. Elle est souple et plus rapide qu’une lionne. Elle peut bondir loin et haut. Son bec est solide. Elle est puissante.

Ça commence par des appuis répartis sur les deux pieds, en décalé. Puis elle pose son intention dans une torsion de cou et de tête vers son point d’arrivée. Ça continue par l’ajustement des jambes, des bras, du bassin. Le corps comme un ressort tendu. La guerrière tonne le top départ sous ses tempes. Elle s’élance. Les muscles des jambes la propulsent, tête la première, buste à 90 degrés. Ses doigts ouverts accompagnent l’effort du balancier des bras. Le premier pas est un bond. Les suivants sa répétition amplifiée qui martèle son idée fixe. Gare aux obstacles. Chaque fibre de son être est engagée. Le monde est un décor, un paysage qui défile. Elle brûle l’oxygène, les protéines. Son corps tourne comme une machine bien huilée jusqu’à l’impact.

*

La protection de la guerrière est constituée de plusieurs éléments.

L’équipement individuel de protection comprend un casque, un protège-dents, des gants, deux protège-tibias. Elle peut se munir d’une coque de poitrine et d’une coquille de protection. Les genouillères et coudières sont en option.

Le tout est complété par une cuirasse de défense et un bouclier mental afin de protéger des attaques psychiques. Il existe plusieurs modèles de cuirasse : le rejet, le cynisme, la fiction par exemple. De nombreuses guerrières fabriquent leurs propres modèles.

L’équipement de protection n’est pas suffisant par lui-même. Il ne s’agit que d’un soutien aux techniques d’esquive, de parade, de fuite et de bluff à acquérir pour mener à bien sa mission de protection. Il est recommandé de s’entraîner à ces différentes techniques de protection avant de partir au front, mais elles peuvent toutes être développées sur le terrain.

Techniques et équipements de protection peuvent être utilisés à l’usage de la seule guerrière ainsi qu’à celui des personnes de son choix. Le nombre de personnes maximal pouvant bénéficier des protections est variable selon l’âge, l’état physique et émotionnel de la guerrière.

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Elle repousse son adversaire d’un chassé frontal. Elle plie sa jambe devant elle, pivote sur son pied gauche et tend sa jambe vers son point d’impact. Le choc fait reculer l’assaillant. Elle rebondit d’un pied sur l’autre. Elle repère une ouverture. Elle arme son bras. Elle décoche une série de crochets. L’autre baisse sa garde. Elle lance un direct du droit. Elle sent sous ses gants la vibration du coup. Un uppercut du gauche lui laisse le temps d’amorcer un coup de pied retourné. La guerrière connaît ses forces et ses faiblesses. Elle sait que sa force brute peut se déployer sous la colère et la submerger. Elle apprend à donner et à recevoir des coups précis et efficaces.

*

Elle dit non d’un hochement de la tête.

Elle dit non d’un mouvement de recul.

Elle dit non d’un pli de la bouche.

Elle dit non des yeux.

Elle prononce « Je ne préfère pas. »

Elle dit « Non, merci ». Puis « Merci, mais non ».

De temps en temps elle dit non et elle explique pourquoi.

Elle ajoute « S’il te plaît, non ». La main en repoussoir.

Elle crie « NON ! »

La guerrière rugit « J’ai dit NON !!! »

Et, plus rarement, elle dit « Non. », simplement, fermement.

*

La femme-pieuvre pense et agit dans plusieurs univers. De ses huit bras elle câline, elle agit, elle agite, elle tire, elle pousse, elle trie, elle empile, elle travaille, elle pouponne, elle nettoie. La guerrière se perche sur son épaule « Danger ! ».

Le cerveau se concentre. Les tentacules se replient. Les bras s’entrecroisent pour former un cordon de sécurité. Elle est maintenant la femme-pilier. Rien ne la ferait bouger. Rien ne passe. Elle est là, bien là, et elle attend.

*

Gardienne /gaʁdjɛn/ nom féminin. Une gardienne est une femme qui assure la garde, protège, surveille et défend quelqu’un.e ou quelque chose.

Générique : surveillante

Spécifiques : gardienne de buts, gardienne d’immeuble, gardienne de musée, gardienne de nuit, gardienne de prison, gardienne de zoo.

*

La dracène somnole à l’entrée du coffre-fort. Son souffle soulève ses écailles à intervalles réguliers. Ses naseaux fument, ses paupières tressaillent. Soudain, la guerrière jaillit dans un cri sauvage. D’un saut, elle la chevauche. Ensemble elles se dressent, protectrices. Terrifiantes.

Portrait K, femme guerrière

Kaléidoscopie fragmentée-reconstituée (2020)

Série « gardiennes »

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