C’est la journée internationale du livre et du droit d’auteur.ice.s. Je contribue à cette journée avec cet article qui vous présente mes réflexions sur les droits que j’ai choisis pour mon recueil de textes.
Les droits d’autrice dans mon livre Kaléidoscopies
Publier mais sous quelle forme ?
Lorsque j’ai écrit ce recueil de textes, j’avais d’abord songé à une publication « classique », une publication papier. À ce moment-là, je ne me posais pas encore la question des droits d’auteur.ice. Probablement parce que mes expériences précédentes de publication étaient dans des actes de colloques, livres scientifiques ou didactiques. En tant que lectrice, j’avais bien entendu parler du droit d’auteur et du domaine public mais sans plus.
J’ai ensuite décidé de publier le livre sur un site internet dédié et là, la question des droits m’a tout de suite plus parlé, parce que je suis sensible aux différentes possibilités d’ouverture des droits. J’utilise depuis de nombreuses années les logiciels à ma disposition avec le code ouvert. Je suis convaincue qu’on s’inspire les un.e.s des autres pour créer du nouveau et que trop protéger revient à perdre du temps et du vivant. Évidemment, c’est plus facile à dire quand la création n’est pas notre activité principale et qu’on a des revenus par ailleurs.
Les droits d’autrice sur le texte
J’ai décidé de mettre le site, et notamment le contenu sous forme de texte sous une licence plus ouverte que les droits d’autrice « par défaut ». Je ne parle pas ici de « licence libre de droits » car ce terme a un sens spécifique du point de vue du droit. De plus, la licence que j’ai choisie n’est pas entièrement libre d’obligation.
Kaléidoscopies de s2a est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
Cela signifie que :
- vous avez le droit de réutiliser tout ou partie de ce site pour vos propres créations
- vous n’avez pas le droit de vendre ce que vous avez créé à partir de ce site
- vous devez mentionner l’oeuvre originale et citer son autrice lorsque vous partagez du contenu issu de ce site.
- toute oeuvre créée à partir de tout élément de ce site doit l’être sous la même licence Creative Commons.
Je tenais à ce que mes choix soient explicites et j’ai donc intitulé, sur la page « Éthique et données« , une section « propriété intellectuelle ».
Les droits d’autrice sur les images
J’ai fait un choix différent pour les images que pour le texte. Je privilégie les images libres de droit pour le contenu du site.
Les photos de kaléidoscopies sont mes propres photographies. Elles ont été prises avec mon téléphone à partir de 2 kaléidoscopes du magasin Après la pluie. Ces photos de kaléidoscopies et elles seules sont mises à disposition sous licence Creative Commons CC BY SA Licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Cette licence est plus permissive que pour le texte : contrairement au texte, vous pouvez, si vous le souhaiter, utiliser ces photos pour un usage commercial. Par contre, vous ne pouvez pas restreindre l’usage de ces photos.
Certaines images, surtout des images vectorielles, viennent du site Pixabay. Elles sont libres de droits mais leur auteur.ice est crédité.e sur le site.
Expériences précédentes du droit d’autrice
Par le passé, j’ai déjà publié selon d’autres modalités de droit d’autrice. Je reçois par exemple des droits sur des manuels de Français Langue Étrangère publiés en 2011 et 2016. Dans les 2 cas, j’étais coautrice et touche donc un pourcentage du pourcentage total attribuué aux autrices et auteurs, qu’on se partage. De mémoire, je crois que c’est 0,5% dans les 2 cas. Autant dire que, pour rentrer dans les frais engendrés par le temps passé à rédiger / échanger avec l’éditrice / relire / corriger / aller en studio d’enregistrement pour les dialogues, on espère que la collection fonctionne ! (ça a été variable pour les 2 expériences). Je suis complètement au clair avec ça. J’ai participé en sachant que ce serait un objet usuel vendu sur le marché de niche mais international des méthodes de langues. À l’époque, j’avais appris qu’il faut discuter avec ses coauteur.ice.s même si la maison d’édityion vous contacte directement, qu’il est préférable de rediscuter les clauses d’exclusivité et de faire lire le contrat par quelqu’un qui s’y connait un peu en droit.
Pour les articles scientifiques parus dans un livre ou des actes de colloque, pas de droits d’autrice, en tout cas pour ce à quoi j’ai participé. À l’époque, je me destinais à une carrière universitaire et la rétribution se comptait en visibilité, en ligen sur le CV, en pourcentage de chances d’être, un jour, recrutée. On peut aussi se dire que l’université investit dans ses étudiant.e.s et que la publication d’articles participe au financement de l’université en la rendant visible et en ouvrant l’accès à des financements. Pour les chercheuses et chercheurs embauchés, les articles sont écrits pendant leur travail, on peut se dire que leur salaire est leur rémunération. Avec le recul, je me dis que les revues payantes, papier ou en ligne, dans lesquelles on est obligé.e de publier pour accéder à un poste mais qu’on est aussi obligé.e de lire pour publier… c’est de l’arnaque !
Besoin de liberté semi maitrisée
Tous ces détours par mes expériences passées pour vous raconter mes envies au moment de publier Kaléidoscopies.
J’avais besoin, donc, de liberté. Envie de publier sur un site qui me plairait à moi, que je rendrais clair et beau. Besoin de choisir aussi ce que je permets et ce que je ne permets pas.
Cela peut paraitre étonnant, par exemple, d’avoir choisi 2 licences différentes pour els photos et le texte. C’est pourtant raccord avec là où j’en suis en ce moment de mon rapport à la création, de mon rapport à ces photos et à ces textes.
J’aime bien utiliser des images libres de drioit pour illustrer des articles ou des publications sur internet ou pour des animations. Ça m’a donc paru naturel de partager mes photos. Peut-être aussi parce que je les ai moins travaillées, je me suis moins investie dans la prise des photos que dans l’écriture. La maternité de ces images m’importe peu. Leur utilisation commerciale aussi.
Par contre, pour le texte, je ne suis pas prête aujourd’hui à ce que quelqu’un fasse de l’argent en réutilisant mes textes. J’ai besoin aussi, en plus que le texte me soit attribué, que l’on pointe vers l’original si on le réutilise. Peut-être que mon rapport à ce que j’écris bougera plus tard. Pour l’instant, la licence que j’ai choisi me convient et je trouve vraiment pertinent qu’on puisse disposer de ces choix.
Envie de donner envie
Je vous ai parlé de mon besoin de liberté semi-maîtrisée, il y avait aussi cette envie de donner envie d’écrire. En libérant une partie des usages possibles et en étant explicite sur ces usages, j’invite les personnes qui me lisent à créer.
Avec les images, il est possible entre autres d’illustrer un article ou de modifier l’image de départ pour en créer une nouvelle. On peut aussi l’imprimer, s’en servir pour des objets. Peut-être trouverez-vous d’autres usages.
Avec le texte, on peut s’inspirer d’une formule, d’une structure, se saisir du concept qui a guidé l’écriture initiale et s’amuser à écrire un nouveau texte, le partager, le diffuser si on le souhaite. (sous couvert de citation). Tout cela sans se demander si c’est éthique ou non, sans zone de flou.
Pour l’instant, le recueil est dans sa phase de publication « 1 texte par semaine ». Plus tard, je proposerai des décryptages sur le processus d’écriture, au moins pour quelques textes.
J’espère que cet article vous aura intéressé.e et alimentera votre rélfexion par rapport à ce que vous écrivez, aux images que vous utilisez, mais aussi aux musiques que vous écoutez, à ce que vous choisissez d’acheter ou d’emprunter. De mon côté, c’est en perpétuelle construction !