L’aube. Des pépiements la tirent de son sommeil. Ses paupières papillonnent, une fois, deux fois, tiens, trois fois aujourd’hui ! Elle pousse un « ahhh » sonore et vibrant, le chant qui précède, chaque matin, son lever.
Quelques secondes en suspend puis elle se met en mouvement comme on secoue ses plumes, encore enveloppée de la chaleur douillette de la nuit. Clopin-clopant, elle s’approche des vêtements mis de côté la veille. Elle enfile une jambe, sautille, passe la suivante, se dirige vers la salle de bain. Ébrouement de lavabo, froufroutement de l’habillage, la voilà qui dévale les escaliers jusqu’à la cuisine. Elle y picore un mélange de fruits et de graines avant de décoller pour sa journée de travail.
Juchée sur un vélo, elle surplombe les rues en lacet de la vieille ville et prend en piqué la direction du Nord. Destination : le bureau, à toute vitesse, cheveux au vent.
Après un petit tour des locaux pour saluer ses congénères, elle se pose à son bureau. Des voix se répondent dans les couloirs. Elle décroche son téléphone. Le discours familier se déroule, mêmes inflexions, même rythme, même mélodie.
Toute la matinée elle survole les dossiers uns à uns : trier, extraire les infos saillantes, pondre une synthèse. Elle apporte les derniers détails à sa présentation de l’après-midi. Il lui faut et plaire et convaincre. Elle couve d’un œil attentif les réactions, soutient ses arguments. Leur adhésion emportée, d’autres développeront le projet.
Fin de la journée de labeur, elle reprend sa migration biquotidienne, direction le sud. Vive, elle s’échappe sur son vélo. Elle monte une première côte. Seul compte le bruit de sa veste qui volette autour d’elle, régulièrement, à mesure de son avancée. Elle continue son ascension en direction de la vieille ville. Elle prend de la hauteur, vire à droite, à gauche. C’est un jeu et une joie.
Elle est libre de ses mouvements.
Elle s’envole.
Elle plane.
Portrait S, femme oiseau
Kaléidoscopie instantanée (2021)
Série « animale »
J’aime beaucoup cette histoire pleine de légèreté. Tu as su en faire un oiseau léger . J’adore
Merciii ! Il en faut aussi, de la légèreté 😉